PHILOSOPHIE

A la question fondamentale « pour quoi faire de la philosophie? », et accessoirement avec des enfants ou des adultes, je remercie mes précieux maîtres à penser d’avoir écrit l’excellent ouvrage collectif « Pourquoi et comment philosopher avec des enfants? » dont l’extrait ci-dessous permet de maintenir la discipline dans sa systémique, plutôt que de verser dans une controverse inutile.

« Telle est (…) la question que pose cette brève « histoire croisée » des relations entre la philosophie et l’enfance : la reconnaissance du droit des enfants à la philosophie oblige à remettre en cause certaines notions, comme celle de la maturité. C’est ce que dit André Comte Sponville : « La maturité  n’existe pas, ou elle n’existe que pour les autres. Cet homme, à peine plus vieux que moi, que je salue poliment dans l’ascenseur, sait-il que c’est un petit garçon qui lui parle, un peu intimidé, un peu gêné d’avoir à parler à une grande personne, comme si lui-même en était une ? »

En fin de compte, la pratique de la philosophie pour et par les enfants conduit à reconnaître qu’

« il n’y a pas de grandes personnes, il n’y a que des enfants qui font semblants d’avoir grandi, ou qui ont grandi en effet, mais sans pouvoir y croire tout à fait, sans parvenir à effacer l’enfant qu’ils furent, qu’ils demeurent, qu’ils portent en eux ou qui les portent. »

Il n’est pas sans signification que Nietzsche, dans Zarathoustra, fasse de l’enfant la dernière des « trois métamorphoses de l’esprit ». La phénoménologie hégélienne, à la suite de toute une tradition philosophique plaçait l’enfant au début et le savoir absolu à la fin, symbolisé par « l’oiseau de Minerve (la philosophie) qui prend son envol au crépuscule ». Nietzsche au contraire met l’enfant à la fin, à la fois comme le dernier avatar de l’esprit, et aussi comme sa finalité ultime. C’est pourquoi l’aventure de l’enfant philosophe, que nous vivons aujourd’hui, est aussi une aventure de la philosophie elle-même. »