YOGA

« Dans sa vision transversale et pénétrante, Krishnamacharya nous invite (…) à adapter les différentes dimensions du yoga (corporelles, mentales, spirituelles…) en fonction des différentes caractéristiques de la personne et de son environnement : le lieu (desha), la morphologie (deha), les moments (kala), les activités (vrtti), les aspirations (marga), les possibilités (shakti).

Le bon professeur adapte son enseignement aux capacités et aux besoins de l’élève et non au siennes :

« Enseigner non ce qui est bon pour soi

mais seulement ce qui est bon pour les autres. »

déclare-t-il clairement. Ce souci de l’autre conduit Krishnamacharya à inventer une pédagogie individualisée qui n’hésite pas à rompre avec l’enseignement traditionnel de l’Inde. Il structure son enseignement, par exemple, en fonction des âges de la vie :

srishti – yoga pour les jeunes

sthiti – yoga pour les adultes 

antya – yoga pour les personnes âgées

Pour dire de manière rapide et schématique, la pratique Srishti vise le développement des potentialités physiques et spirituelles de l’enfant, la pratique sthiti nourrit la santé et maintient l’équilibre tout au long de la vie, la pratique antya s’oriente davantage vers intériorisation et la « réduction » de l’être à ce qui est essentiel. La pratique du yoga vise ces trois objectifs principaux à moduler selon les moments et les circonstances : développer, stabiliser, intérioriser.

Krishnamacharya consacre aussi une place importante à la pratique du yoga pour les femmes dans la société indienne, qui est pourtant largement patriarcale, hiérarchique et dominatrice. Cette prise en compte de la différence sexuelle est, pour la philosophe et pratiquante Luce Irigaray, un apport essentiel de l’enseignement de Krishnamacharya (…). Les femmes sont très présentes aujourd’hui dans les cours de yoga mais cette question intéressante d’une spiritualité au féminin resterait à penser. »…

« Un yoga occidental : l’enseignement viniyoga de Krishnamacharya à aujourd’hui », Philippe FILLIOT